Coco : "Recuérdame"
Réalisateurs: Lee Unkrich (Toy Story 1, 2 et 3) et Adrian Molina
Le 19e long-métrage réalisé par le studio d’animation Pixar a eu des débuts difficiles. Suite à l’annonce en 2012 d’un film basé sur le Dia de Muertos, Disney a voulu breveter la fête et a ainsi déposé plus de dix demandes auprès du U.S. Patent and Trademark Office[1] pour des jouets, des céréales, des bijoux, etc. Immédiatement, le studio s’est mis à dos la communauté Mexicaine, qui n’a pas du tout apprécié l’initiative et a accusé l’entreprise de vouloir s’approprier leur culture et leur identité. Même une pétition, qui a terminé par amasser 20 000 signatures en 24 heures, fut lancée. Très vite, Disney retira sa demande et s’excusa.
5 ans après, le studio a-t-il réalisé une œuvre respectueuse des coutumes du Mexique ?
Le film raconte l’histoire de Miguel, un jeune garçon qui rêve de devenir un musicien aussi accompli que son idole, Ernesto De La Cruz. Seul problème : depuis plusieurs générations, la musique est strictement bannie dans sa famille. C’est une intrigue simple, mais particulière : elle se déroule durant le Dia de Muertos, une fête qui a lieu du 1er au 2 novembre au Mexique et où les âmes des défunts reviennent sur terre pour rendre visite à leurs familles. Miguel, suite à une petite bêtise, se verra conduit au monde des morts, où il va croiser des vieilles connaissances familiales…
Coco est un vrai bijou, une explosion de couleurs, musique et humour qui dépeint les traditions mexicaines avec respect et justesse. C’est une lettre d’amour au Mexique et à sa culture. Les clins d’œil à cette dernière ne sont pas limités au Dia de Muertos : Frida Kahlo, des acteurs de « l’âge d’or » du cinéma mexicain et le xoloitzcuintle, le chien sans poil originaire du Mexique, font leur apparition au cours du film. Les Alebrijes, des sculptures en bois représentant des animaux ou des créatures imaginaires, jouent aussi un rôle dans l’intrigue.
Il est plus qu’évident que les réalisateurs Lee Unkrich (Toy Story 1, 2 et 3) et Adrian Molina ont prêté attention au moindre détail pour les personnages et le décor. Certes, Pixar est renommé pour ses merveilles techniques, mais cette fois-ci, les artistes du studio se sont vraiment surpassés. Chaque plan illustre parfaitement l‘essence du Mexique grâce aux couleurs vives et aux bâtiments mélangeant l’art précolombien avec l’art mexicain.
A la fin, il est difficile de trouver quelque chose à reprocher au film. Coco dégage beaucoup d’émotion et transmet un beau message sur la mémoire et les traditions. Il aborde avec créativité le sujet de la mort et son univers est coloré et pittoresque plutôt que macabre. Le scénario est loin d’être complexe, mais il évite pourtant de tomber dans le cliché. Les recherches intensives et les séjours au Mexique de l’équipe Disney ont porté leur fruit : Coco est sans doute un des plus beaux films Pixar.
[1] Instance administrative chargée d'émettre des brevets et des marques déposées.