Ciné-conférence : Jean Michel Albert
Ces derniers temps, on voit émerger de nouveaux services de vidéo à la demande en streaming sur mobiles. On pense notamment à studio + et Blackpills. Ce lundi 19 mars 2018, nous avons accueilli le producteur d’une de ces séries – All wrong.
Grandit en Polynésie française et analyste financier de formation, Jean Michel Albert est l’une de ces personnes qui n’a pas abandonné ses rêves. Ayant depuis toujours été passionné par le cinéma et s’étant retrouvé à UCLA, l’une des meilleures universités de cinéma, son parcours est pour le moins cohérent (même si sa finalité était loin d’être prévue).
Comment vous est venue la profession de producteur ?
J’ai d’abord commencé par des courts métrages avec des amis. Nous les faisions par plaisir, si l’un avait une idée, on la réalisait. J’ai fini par intégrer une société de production en tant que stagiaire grâce à mes compétences de gestionnaire et mes « tendances artistiques », deux compétences clés qu’ils recherchaient. Et par la suite je suis devenu producteur.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce métier ?
C’est l’équivalent d'un président d’entreprise ; on s’occupe de la négociation des investissements nécessaires à la réalisation du film, de monter le plan de financement et de trouver le plus approprié des réalisateurs, celui qui a une bonne vision du film tout en étant dans le budget fixé.
Bien qu’ayant un rôle plus administratif, un producteur doit aussi avoir une fibre artistique. Il jouera aussi un rôle de médiateur en cas de conflit entre réalisateur et acteurs ou autre.
Parlez-nous un peu de votre festival, le Marseille Web fest qui aura lieu du 18 au 20 octobre 2018.
L’idée nous est venue de YouTube. Vous êtes jeune, vous avez quasiment grandit avec donc ça vous parait peut-être « normal », mais cette plateforme a apporté de grands changements : elle permet à n’importe qui d’exprimer son art et surtout de pouvoir en vivre plus facilement qu’auparavant. Et nous avions envie de promouvoir tous ces cinéastes qui passent par ce canal.
Le Marseille web Fest est aussi un mixte entre séries digitales et télévisées, de professionnels comme amateurs.
Pour cette édition, le jury sera composé de Jessica Barden (the end of the f***ing world), Adi Shankar (producteur de the Punisher, god and secret) et Ed Solomon (showrunner américains ayant écrit men in black et à l’origine du retour des anciens mythes type la momie, l’homme invisible, etc). Déjà encadré par des showrunners internationaux, on tente aujourd’hui de l’ouvrir à d’autres branches, comme la musique où des négociations sont en cours pour faire venir Eminem par exemple.
Et Cannes séries, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette première édition qui a lieu du 04 au 11 avril ?
Ce sera une compétition exclusive de séries digitales et internationales. Avec le développement des réseaux et plateformes comme YouTube ou Netflix, couplé aux nouvelles technologies, on voit beaucoup de séries ou courts métrages de très bonne qualité, et ce sans forcément avoir le matériel habituellement présent sur un plateau de tournage. Cannes séries est un peu dans la même lignée que le Marseille Web Fest : promouvoir cette nouvelle vague de cinéastes.
Justement, avec tout ce que vous venez de dire, d’après vous, quand est-il de l’avenir du cinéma ?
Avec la VOD, il n’y a tout simplement plus de chronologie : elle a grandement facilité l’accès aux films et séries au plus large public, voyez le phénomène Netflix ! Il est aujourd’hui possible de regarder des nouveautés sans même sortir de son salon et en évitant les publicités des chaines télé. A côté de ça, vous avez les cinémas, où il faut se déplacer pour voir un film à 8€. Conséquence : on ne se déplacera que pour des blockbusters comme Star Wars ou the Avengers.
Le 7e Art se doit de s’adapter pour limiter au maximum les contre-coups de la VOD. Des initiatives ont déjà été faites ; certaines salles diffusent déjà des séries, opéras et ballets. Cependant il y a encore des difficultés à s’adapter pour certains (je pense notamment aux « anciens » qui n’ont pas grandi dans ces nouvelles technologies).
Je pense que l’avenir appartient peut-être plus aux « petits » films, généralement diffusés dans les petites salles. En tout cas, ce qui est sûr c’est que les cinémas sont à réinventer.