Salo, les 120 journées de Sodome ou la dénonciation de notre société (4/5)
Réalisateur : Pier Paolo Pasolini
Il s’agit là d’une libre adaptation d’un roman du marquis de Sade. Déjà ça s’annonce bien. Contrairement à l’histoire originale, on se place ici au cours de la seconde guerre mondiale (1943), où 4 notables riches et d’âge mûr ont kidnappé des jeunes gens (9 de chaque sexe) et s’enferment dans un manoir isolé de tout dans le secteur de Salò (ville du Nord de l’Italie).
Etant une adaptation d’un roman de Sade, libertin notoire du 18è siècle, on aura deviné que ces kidnappings ont pour seul et unique but de satisfaire leurs désirs lubriques de vieux bourgeois « pervers ». Ainsi, le film est découpé en 4 tableaux, ou en 4 « fantasmes » que ces bourgeois se permettent enfin de réaliser. Ce film doit certainement sa renommée aux deux derniers. En effet les deux premiers n’étant qu’une contextualisation de l’histoire et de « simples » viols sur les adolescents (oui, dans le référentiel « Sadique », les viols sont considérés comme banals).
Concernant donc les deux derniers, ils sont bien plus marquant vu que l’un est orienté scatophilie (Girone della merda, cercle de la merde) et l’autre vers de la torture gratuite (Girone del sangue, cercle du sang). On comprend donc pourquoi il a, en premier lieu, été censuré dans de nombreux pays, au vu de certaines scènes, assez difficiles à soutenir.
Ce film est choquant, non seulement pour le contenu même des différents tableaux, pouvant en dégouter plus d’un, mais aussi du fait du choix de réalisation. En effet, Pasolini décide de tout dévoiler, que ce soit en termes de nudité, ou de régression sociétale. Car oui, contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est un film engagé. A travers cet asservissement sexuel, Pasolini cherche à nous faire voire le pouvoir absolu que peut détenir la minorité sur la majorité, du moment qu’elle possède l’argent nécessaire.
Cette consommation sexuelle à outrance et cette recherche de jouissance immédiate et puérile ne peut que mener à une déshumanisation progressive de l’homme, ne considérant plus le sexe comme libérateur, mais comme une simple marchandise dans une société capitaliste.
Ainsi, bien qu’étant une adaptation d’un roman libertin, celui-ci n’est qu’un support pour dénoncer une société non pas en croissance et libre, mais au contraire, une société descendant progressivement dans le trou du cul des Enfers.