Mon Roi : un film coup de coeur !
Réalisé par Maïwenn, avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel et Isild Le Besco
On passe du rire à l’émotion en quelques secondes, constamment partagé dans nos sentiments.
Le dernier film de Maïwenn, Mon Roi, nous livre la descente aux enfers d’un jeune couple, ou dirait-on plutôt celle d’une femme sous l’emprise d’un amour destructeur. Cette femme, c’est Tony, une avocate brillante, mais qui manque d’assurance avec les hommes. Un soir, elle se laisse troubler par Georgio, un séducteur adepte des fêtes mondaines. Ils vivront une histoire d’amour haute en couleurs. Très charismatique et plein d’humour, le personnage qu’interprète Vincent Cassel (que l’on a vu cet été à l’affiche d’Un moment d’égarement et qui a également joué dans Black Swan ou encore Notre jour viendra) en met plein la vue à Tony. Avec lui, elle vit à fond l’instant présent, jusqu’au jour où leur relation prend un tout autre virage. Depuis le centre de rééducation où elle est affectée après une sévère chute de ski, Tony se remémore la romance qu’elle a vécue avec cet homme et tente, tant bien que mal, de panser ses blessures.
Par où commencer ? Mon Roi est tout simplement grandiose ! Un film, qui selon moi, méritait amplement la Palme d’Or du Festival de Cannes. Evidemment, Emmanuelle Bercot n’a pas pour autant volé son Prix d’interprétation féminine, bien au contraire. Elle réussit là une très belle performance. De celle qui étonne si l’on considère le peu d’expérience qu’on connaît à Emmanuelle Bercot en tant que comédienne. Pour les adeptes des films de Maïwenn, vous retrouverez des similitudes avec Polisse, le dernier film en date de la réalisatrice avant la sortie de Mon Roi. Notamment, cette capacité à faire ressentir au spectateur des émotions contraires tout au long du film. On passe du rire à l’émotion en quelques secondes, constamment partagé dans nos sentiments. A certains moments, le personnage qu’interprète Vincent Cassel nous déstabilise tellement qu’on a envie de rire alors qu’on devrait pleurer. Néanmoins, ce qu’on pourrait peut-être reprocher au film, c’est qu’on s’y perd un peu parfois à travers la chronologie. La rééducation de Tony dans un centre spécialisé est prise en fait comme point de départ. La réalisatrice fait ensuite constamment des allers-retours entre cette période de convalescence et l’histoire passée du couple. La fin du film est assez surprenante. Elle nous laisse à notre propre interprétation et comme on a du mal à situer cette dernière scène dans le temps, cela brouille les conclusions qu’on aurait voulu tirer. Quoi qu’il en soit, Mon Roi ne pouvait se finir qu’abruptement car le film aurait sinon pu se prolonger. Malgré ces quelques éléments scénaristiques légèrement déroutants, on retient de nombreuses scènes fortes. Certaines, particulièrement comiques, ont provoqué un fou rire général dans la salle. On relèvera notamment les nombreuses bonnes répliques de Vincent Cassel, très percutantes. Mais, on assiste également à des scènes bouleversantes où notre cœur se serre devant l’impuissance de Tony à faire face à un homme manipulateur et lunatique, un pervers narcissique qui a l’art de retourner la situation à son avantage. En bref, on ne voit pas les deux heures passer tant la réalisation de Maïwenn parvient à capter notre attention du début à la fin. Un film psychologique comme on les aime !