top of page

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (8/10)

Réalisation : Jean-Pierre Jeunet, avec Helena Bonham Carter, Judy Davis, Callum Keith Rennie.




L'étiquette ne trahit pas le produit : L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet raconte l'histoire d'un garçon du Montana, enfant surdoué en manque de reconnaissance, qui décide de fuguer pour aller chercher le prestigieux prix Baird qui lui a été décerné, à Washington D.C.


Nous suivons ainsi le jeune prodige tout au long de son périple, bravant avec courage les embûches semées sur sa route. Jeunet s'approprie avec brio les codes du cinéma américain, faisant montre d'une maîtrise de l'image et de la 3D qui changent du teint jaunâtre de son dernier film, Micmacs à tire-larigot (2009). Des somptueux paysages de nature aux constructions urbaines démesurées, du grand ouest à l'Atlantique, des contrées perdues du Montana aux plateaux télé de Washington, des cowboys aux universitaires, la traversée du continent américain sur un train de marchandises réveille en nous l’imaginaire foisonnant que véhicule le continent américain.


C'est par son attendrissant personnage que Jeunet rend cette histoire banale si extravagante. T. S., plus habitué aux expériences scientifiques qu'à la course à pieds, aborde l'aventure avec son génie et sa maladresse. Poussé par une volonté qui semble le dépasser, il brave le chagrin de laisser sa famille derrière lui, accompagné par le fantôme baroudeur de son frère.


Car la beauté de cette histoire s'exprime aussi dans ses symboles. T.S. a perdu son frère jumeau, en tout point son opposé. Rien ne pourra le lui rendre, ni la joie de vivre qui animait son foyer. Le jeune garçon ne parvient pas à accepter cette tragédie. Est-ce pour cette raison que lui est venue l'idée de construire une machine à mouvement perpétuel pour laquelle il est récompensé ? Confronter l'éternité mécanique et la finitude humaine confère au film une dimension philosophique insoupçonnée, et nous laisse pensifs longtemps après l’avoir vu.


C’est donc ce savant mélange d’aventure, d’humour et de rêve que nous offre T.S. Spivet. Si les aficionados de Jeunet ne retrouveront pas Amélie Poulain dans ce film, la poésie et le sens de la narration de Jeunet ont toujours autant de charme.


À l'affiche
À lire aussi...

Archives

bottom of page