Le whitewashing à Hollywood et pourquoi il doit s’arrêter.
"Je ne peux pas monter un film doté d'un tel budget et dire que mon acteur principal est Mohammed Untel de tel ou tel endroit. Je n'obtiendrai simplement pas les financements nécessaires pour mon film. "- Ridley Scott justifiant le casting de son film Exodus.
Ça fait une semaine que le film basé sur le manga Japonais, Ghost In The Shell, est désormais disponible sur les grands écrans. Sa sortie est par contre entachée par les accusations de whitewashing auxquelles le film fait face. Mais, c’est quoi ce « whitewashing » ? En gros, c’est un néologisme qui désigne la pratique courante à Hollywood qui consiste à faire jouer par des acteurs blancs des personnages de couleur.
Cette pratique connait ses origines avec le « blackface » et le « yellowface ». Par exemple, Laurence Olivier a joué le rôle d’un homme noir pour Othello et Marlon Brando d’un homme asiatique pour La Petite Maison de Thé. Pour ces transformations, les deux acteurs ont dû se grimer de maquillage. Mais, pendant que le blackface et le yellowface ont disparus du cinéma avec la naissance des mouvements civiques, la tradition de filer aux acteurs blancs des rôles qui demandaient de la diversité raciale a continué.
Pourquoi ce besoin de ne pas assumer l’identité des personnages ? Déjà qu’il y a si peu d’opportunités pour les acteurs de couleur dans l’industrie cinématographique, pourquoi leur enlever aussi la possibilité de jouer des personnages de leur ethnicité ? Est-ce parce qu’ils ne sont pas si connus ? Car s’ils ne sont pas connus, c’est aussi parce Hollywood limite les rôles qu’ils peuvent avoir.
Contrairement aux arguments des réalisateurs et producteurs, les films avec de la diversité raciale et des acteurs peu connus triomphent au box-office. Il suffit de regarder le succès de la série Fast and Furious, les deux derniers films de Star Wars, Django Unchained, Le Livre de la Jungle, Get Out, Moonlight, Vaiana, Les Figures de L’Ombre, entre autres, pour comprendre qu’il n’y a aucun rapport entre la célébrité d’un acteur et la réussite d’un film, sauf cas exceptionnelles.
L’âge des stars qui avaient la capacité à attirer par eux-mêmes les masses au cinéma est terminée. Aujourd’hui, le public cherche avant tout à regarder des films bien réalisés et divertissants.
Valéria
L’Américaine Natalie Wood comme une portoricaine dans West Side Story, l’Ecossais Gerard Butler comme un Egyptien dans Gods of Egypt, Emma Stone comme une asio-américaine dans Aloha, Christian Bale et Joel Edgerton comme des Egyptiens dans Exodus, Rooney Mara comme une indienne dans Peter Pan, Jeremy Irons et Meryl Streep comme des Chiliens dans La Maison aux Esprits, Mickey Rooney comme un Asiatique dans Breakfast at Tiffany’s, et Liam Neeson comme Ra’s Al Ghul, un personnage aux origines arabes dans les comics de Batman. Bien sûr, la liste continue…
Ainsi, revenant à Ghost In The Shell, c’est Scarlett Johansson qui joue le rôle principal. Pourtant, son personnage est bien une femme nommée Motoko Kusanagi avec une mère qui, comme vous l’aurez deviné, est japonaise. La justification des réalisateurs ? Bah, le protagoniste est un robot.
Pas de nécessité de distribuer le rôle à une actrice asiatique. Ça suffit de dire que piégée dans le corps de Scarlett Johansson se trouve une femme japonaise.